Québec en vacances

100/Sans photos?!

Souvenirs de vacances, autrement.

Avez-vous déjà fait le décompte de vos photos de vacances ou de voyage prises depuis l’arrivée de l’ère numérique? C’est-à-dire il y a de cela vraiment trop longtemps.

Loin de moi l’idée de vouloir faire une quelconque morale de la prise de photos quasi chronique que l’avènement de nos téléphones intelligents a malgré nous intégrée dans nos vies, particulièrement lorsqu’on se retrouve devant quelque chose que nos yeux, notre tête ou notre cœur trouvent beau et qu’on veut absolument croquer afin de mieux nous en délecter une fois revenus dans notre réalité du quotidien. Loin de moi. Parce que Instagram. Parce que ce blogue. Mille pardons.

Car voyez-vous, je suis cette accro typique de la photo. Et je suis de ces moutons gris qui n’ont pas abandonné l’appareil traditionnel, pour diverses raisons. Mais il arrive que j’oublie, par inadvertance, mon téléphone ou mon appareil à la maison. Et parce que le coup est non planifié, on dirait que mes yeux voient encore plus de souvenirs que j’aurais pu capturer et dont j’aurais pu me délecter le soir même et en bonus, les envoyer à ceux à qui j’aurais aimé faire poindre une certaine jalousie. Misère!

Mais. On jase là. Retour en 2005. Je pars pour la ville de New York, une troisième fois. En compagnie d’une amie, appelons-la Caro, qui a prévu, ma foi, un programme que même avant mon départ, mes pieds me disaient que j’allais devoir me mettre en quarantaine – une vraie – au retour. Une petite virée de trois jours, le temps de visiter des quartiers qui nous étaient encore inconnus. Une aubaine, donc, pour une prise de photos mémorables. Mais pour toutes sortes de raisons, cette fois-là, j’eu l’idée étrange de laisser le tout à la maison et de désigner l’amie Caro photographe officielle durant le séjour. Une envie soudaine de paresse, de juste profiter de la place sans avoir la responsabilité de prendre les bonnes prises, les bons éclairages. Les bons souvenirs. La photo du siècle. Juste… regarder ce qui se passait autour de moi. Regarder vraiment les édifices. L’architecture. Le parc. Les gens. Sentir l’ambiance exaltée de la ville. Écouter les bruits furieusement sonores de la circulation.

D’un commun accord avec moi-même, j’omis donc l’appareil en question et parti « libre ». Délibérément. Ce qui est bien différent, je vous l’accorde, d’un oubli par inadvertance. Et j’assumai pleinement. Toutes les fois où Caro s’arrêta pour prendre des photos, je profitai pour juste regarder autour de moi. Et dire à mon cerveau d’essayer de se rappeler le plus longtemps possible ce que je voyais et ressentais à ce moment. Et au pire, même si je ne devais pas me rappeler cette image, cet instant, de savoir que j’aurai vu différemment, cette fois, et que mon imagination ferait le reste.

Encore aujourd’hui, je vous assure que je n’ai pas regretté mon choix une seule fois. Au contraire. Le voyage m’a paru plus riche. Plus long. Plus… vrai. Je me rappelle des sensations, d’avoir profité pleinement du moment. D’avoir plus ri. D’avoir mieux vu. D’avoir mieux voyagé… Bien sûr, je n’en étais pas à ma première visite et ça a donc beaucoup influencé le fait d’assumer totalement ma décision. D’un peu plus saisir le carpe diem. D’un peu moins prendre en photo la énième. 

Je me regarde aller aujourd’hui. Je randonne et je me promène beaucoup. Et mon œil voit tout le côté esthétique de la belle photo, constamment. Je dois me convaincre, lorsque j’arrive à un point de vue ou un sommet, de m’arrêter d’abord quelques minutes pour juste admirer, juste respirer, avant de prendre LA ou les photos. Parce que le réflexe il est là. Un wow : une prise. Même un semi wow suffit à sortir l’artillerie. La contemplation en temps réel, sans contrainte de temps, et sans autre accessoire que nos yeux et nos sens, est devenue un art en voie de disparition. On contemple maintenant bien plus longtemps notre cliché à notre retour que durant le moment où on était devant l’objet de notre émerveillement.

Pas de morale ici. Parce que la plupart du temps, je veux me souvenir en images toutes ces premières fois où je vois. J’ai « besoin » de cette photo. Même si 650 personnes avant moi l’ont prise et l’ont publiée, et probablement mieux cadrée que moi, sous une multitude d’éclairages différents. Parce que c’est ma vision du moment. Parce que cette photo sera la plus belle, croyez-moi. Mais. On jase là. Essayez-le pour voir, lors de votre prochaine escapade. Délibérément. Laissez l’artillerie à la maison. Ne serait-ce qu’une fois. Je me rappelle encore ce voyage à New York comme de celui où j’aurai le plus profité. De celui où j’aurai le plus ressenti la liberté. Même si bien peu d’images m’en sont restées. Et je le fais encore de temps en temps, « oublier » l’attirail à la maison. Histoire de savourer et de me souvenir, peut-être, autrement.

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Cet article à été écrit par

Nancy

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